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Mercredi 15 janvier 2014
Pour le plaisir et les profits : sept règles pour réussir à investir dans l’Art
Alexandre Lagny, Protection & Rendements
Les deux ventes de fin d’année organisées par Christie’s et Sotheby’s à New-York en novembre ont atteint près d’un milliard de dollars, en une seule soirée. Le marché de l’art connaît un succès de plus en plus important, comme le montre les enchères récentes où les montants échangés explosent régulièrement les records.
Comment cela se fait-il ?
L’argent brûle les doigts des milliardaires, dont le nombre s’est fortement accru depuis 2007, et riches financiers qui mettent toujours plus d’argent dans ces enchères sur des oeuvres d’art. Cela est notamment dû au gonflement artificiel des prix des actifs financiers du fait de politiques monétaires toujours très accommodantes (quantitative easing). C’est également le cas du côté des hedge funds qui, même s’ils n’investissent pas directement dans les œuvres d’arts, achètent des parts des plus grosses sociétés de commissaire priseurs afin de renforcer leur présence dans ce domaine alternatif prometteur.
Ils ont bien compris qu’en cas de dégonflement de la bulle financière actuelle, les investissements conventionnels se prendront une claque et ils tiennent à les recycler.
Pourquoi ne pas faire comme eux ?
Nous vous conseillons depuis longtemps de diversifier vos investissements : actifs boursiers, immobilier, foncier, métaux précieux, et bien d’autres. Voyez ici l’occasion d’élargir cet éventail avec ces actifs patrimoniaux qui, certes, sont peu conventionnels, mais qui peuvent vous rapporter de belles plus-values comme nous le verrons.
L’art présente également l’avantage d’être très peu corrélé aux autres marchés et au contexte économique. Ainsi, même en pleine crise, ce marché de niche reste relativement à l’abri, voire même explose comme c’est le cas aujourd’hui. Intéressant, vous ne trouvez pas ?
Si vous décidez donc de vous lancer dans la collection d’œuvres d’art, veillez évidemment à respecter soigneusement quelques précieux conseils, qui feront sans aucun doute de vous un investisseur avisé.
En revanche, les spéculateurs financiers chevronnés devront soit se tenir à l’écart, soit s’y adapter. Car ce marché est très particulier et s’apparente au marché de l’immobilier ; il est assez peu liquide, et les durées de détention conseillées dépassent souvent une dizaine d’année.
Autre point commun avec l’immobilier : l’art n’est pas abordable pour tout le monde, il faut le reconnaître. Sachez que plus une oeuvre a de la valeur, plus celle-ci est susceptible d’en gagner au fil du temps, un peu comme un bon vin donc. Ainsi, comptez 10 000 euros au minimum pour une oeuvre si vous espérez un jour obtenir des rendements significatifs. En deçà, les risques sont évidement un peu plus élevés.
Un avantage certain de ce marché qui participe très probablement à son succès actuel : la défiscalisation. L’art n’est pas assujetti à l’ISF, ce qui constitue une excellente niche fiscale, et légale.
Investir par passion, oui, mais pas n’importe comment
Gardez bien à l’esprit que l’art est un placement risqué, qui doit, avant tout, avoir pour origine le plaisir de posséder une oeuvre et de pouvoir l’exposer chez soi.
Pour le plaisir et les profits : sept règles pour réussir à investir dans l’Art
Ces règles sont celles que Mark Adams un ancien directeur de Sotheby’s Europe, a formulé lors d’une conférence exclusive à laquelle avaient le privilège d’assister quelques uns de nos abonnés américains.
1- Apprenez-en davantage sur ce que vous achetez
Investir dans l’art demande du travail et du temps. Tout comme pour le marché action, rien n’est obtenu sans effort. Informez-vous ! Les bonnes affaires viennent d’un avantage en termes de connaissance par rapport à votre adversaire. Et ne commettez pas d’erreur : acheter une oeuvre est une transaction commerciale. Ne vous sentez pas obligé de suivre les conseils du vendeur. Si vous avez un doute, amenez un conseiller extérieur, neutre, qui restera de votre côté. Même les plus grands collectionneurs le font.
2- Achetez par plaisir, pas pour l’argent
Tout en suivant le conseil ci-dessus, achetez ce que vous aimez. Lorsqu’il s’agit d’art, le plaisir fait partie du retour sur investissement. Et contrairement aux marchés financiers, l’émotion est votre meilleur atout pour discerner la qualité. Personne n’a jamais acheté une oeuvre d’art en pensant qu’elle pourrait être utile dans quelques décennies. Soyez donc original et audacieux.
Ne tombez pas dans le piège du commercial clamant «peu importe la qualité, préférez l’abondance». Quand il est question d’art, la qualité prévaut à la quantité.
3- Achetez ce que vous pouvez obtenir de mieux
La performance récente de l’art contemporain a été spectaculaire. Depuis 2010, les prix de vente des 80% des pièces autour du prix moyen ont augmenté de 50%. C’est encore plus impressionnant lorsque l’on regarde les 10% les plus chères qui, depuis 2010, ont vu leur prix moyen augmenter d’environ 200%.
Tout le monde désire toujours le meilleur. Et c’est particulièrement le cas dans le monde de l’art. Une qualité exceptionnelle est directement corrélée avec des augmentations importantes. Quelque soit le type de collection ou la gamme de prix sur lesquels vous choisissez de vous concentrer, ne vous contentez jamais du second choix.
4- Soyez un collectionneur, pas un investisseur
Imaginez votre collection comme un récif de corail, une multitude d’organismes individuels qui constituent un tout unifié avec une personnalité distincte. Laissez votre collection refléter vos valeurs et vos passions. Et ne vendez que pour la parfaire.
5- Montrez votre collection au monde
Soyez généreux. Louez-la à des expositions et autorisez-en l’accès pour des études. Laissez les musées les utiliser sur leurs cartes de vœux. Entretenez la réputation de votre collection. Cela augmentera ainsi sa valeur.
6- Ne vous précipitez pas
Comme sur tout autre marché, le monde de l’art a ses envolées et ses krachs. En décembre, Sotheby’s et Christie’s ont tenu une vente aux enchères d’art contemporain à laquelle il a été échangé plus d’argent en une seule nuit qu’à toutes les autres enchères dans l’Histoire (excepté peut-être celle à laquelle le sénateur Marcus Didius Julianus acheta l’Empire Romain à la Garde Prétorienne).
Cette tendance va inévitablement reculer et balayer les spéculateurs à court terme. Chaque fois que c’est possible, saisissez une opportunité. Mais ne laissez pas cela devenir votre principe de base. Ne soyez pas un investisseur au jour-le-jour.
7- Appréciez et amusez-vous
La collection d’art est un investissement qui rapporte sous plusieurs formes. Collectionner des oeuvres d’art dépend de la passion, du plaisir, de l’engouement et de l’excitation. Considérez cela comme une partie supplémentaire de votre retour sur investissement. Si ce n’est pas votre truc, ne faites pas de l’art un investissement.
Vous pouvez être un bon collectionneur
En suivant ces sept règles, vous pouvez devenir un bon collectionneur. J’ai souvent entendu que l’investissement dans l’art impliquait des frais de transaction importants. Vous pourriez arriver au même constat. Néanmoins, si vous êtes astucieux, vos transactions ne vous coûteront virtuellement rien. Les négociants et commissaires-priseurs diminueront leurs commissions au maximum.
Pour couvrir un secteur clé, les sociétés de ventes iront même jusqu’à payer une partie, voire la totalité des commissions à la charge des acheteurs (cela débute à 25% du prix offert, ce qui n’est pas négligeable).
Ne vous inquiétez pas trop au sujet des hausses et baisses sur le marché de l’art. De la même manière que lorsque vous investissez sur le marché action, en adoptant une vision long terme, vous pouvez passer au-dessus de ces fluctuations momentanées et choisir le moment de vendre.
Et, tout comme pour les actifs financiers, vous pouvez tirer avantage de ces fluctuations : vous pouvez faire des acquisitions lorsque les prix sont bas et le sentiment général pessimiste, puis revendre lorsque c’est l’euphorie et que les prix sont élevés.
Le principal paradoxe de la collection d’art est que, bien que ce soit un investissement, vous ne devez pas l’aborder de cette façon.
Une peinture est quelque chose d’unique ; faire une plus-value sur celle-ci dépend uniquement d’une personne qui l’appréciera suffisamment pour en payer un prix élevé. Fiez-vous toujours aux œuvres, et non aux analyses de marché.
Enfin, faites de l’art une partie de votre vie familiale et de votre culture, et pas seulement une part de votre portefeuille. Vivre au milieu de peintures, sculptures ou beaux meubles est quelque chose de fabuleux et d’enrichissant. L’art a été créé pour être apprécié. Cela fait de nous des personnes plus accomplies.
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