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Le 9 septembre, c’est le coup d’envoi de la coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande. Et si vous vous inspiriez de ses valeurs phares pour souder votre équipe ? Décryptage de Jocelyn de Just, consultant associé chez Krauthammer.
Propos recueillis par Marie-Madeleine Sève pour LEntreprise.com, publié le 07/09/2011
” On a coutume de dire que le rugby est un sport de voyous, joué par des gentlemen, et que le foot est un sport de gentlemen joué par des voyous…” Le rugby joue la confrontation. Les hommes vont au contact, mais ils le font avec un sens du collectif particulièrement développé. Leçons de management à travers dix mots clés du rugby.
1. Douleur et solidarité. Sur le terrain, il faut aller au charbon, se faire violence pour récupérer le ballon ovale, le dégager et marquer. C’est pareil en entreprise. On est parfois amené à souffrir sur un dossier, à surmonter une réelle difficulté pour boucler un projet. Mais si on fait corps avec les copains, on sait qu’on va y arriver. Et à se remettre en question, afin de trouver des solutions ensemble. Parce que chacun sait qu’il travaille pour plus grand que soi : l’équipe.
2. Maillot au mérite. Au rugby, il n’y a pas de vedette. A la différence du foot, aucun maillot ne porte le nom du joueur, ce qui renforce le sentiment d’appartenance. D’ailleurs avant chaque match, se déroule un rituel particulier : chacun des 15 joueurs sélectionnés parmi les 30 se voit remettre son maillot devant les 15 autres qui auraient bien aimé le porter. Ceci incite tout le monde à l’humilité : le maillot est valorisé mais pas le joueur. C’est ainsi que Fabien Pellous, triple champion de France de rugby, s’est entendu dire un jour ” Tu es le meilleur d’entre nous, mais l’équipe joue mieux que toi ! “. Sous entendu, ” change de comportement pour être sélectionné “. De tels rites d’intégration, et symboles d’unité s’ils ne sont pas sectaires, sont efficaces dans les équipes projet par exemple.
3. Causerie d’avant match. C’est une spécificité du rugby, de forte tradition orale, et reprise par Aimé Jacquet dans le foot. Avant le match, le coach va dans le vestiaire pour rappeler à chacun des joueurs ce qu’il attend de lui. Patrice Lagisquet, ex-joueur entraîneur du Biarritz Olympique est très fort dans l’exercice. Durant 10 à 15 minutes il ne parle jamais par la négative (” ne recule pas “), ce qui entrave l’action. Mais il parle en positif, ” va vers le joueur “, ” voilà ce que tu as à faire “. Et il raconte une histoire à l’équipe, dit en quoi chacun contribue au succès général. Avant de lancer un projet, un manager peut lui aussi raconter l’histoire d’un succès, d’une relation épique avec un client, etc. Et dire comme Steve Jobs : ” Je veux des pirates et pas des marins ! “.
4. Passe au coéquipier. Il y a différentes façons de passer la balle. Soit on s’en débarrasse, soit on l’offre au voisin. Dans le premier cas, l’autre la reçoit avec inquiétude, ses muscles se contractent. Dans le second cas, la balle est envoyée dans le prolongement des doigts et l’autre la reçoit naturellement. C’est identique quand un manager donne une délégation. Soit il délègue l’exécution de tâches sans les responsabilités, soit il délègue des objectifs et demande à l’autre comment il voit les choses. Le résultat sera bien plus efficace.
5. Respect de l’adversaire. Je me souviens d’un match décisif France-Pays de Galles dans le tournoi des 5 nations, un match rude. Une fois le coup de sifflet final stoppé, les joueurs français et gallois sont tombés dans les bras l’un de l’autre. Le respect est une règle absolue du rugby. Les arbitres ne sont jamais contestés, ni hués, l’entraineur est écouté. Et à la fin de chaque match, les vainqueurs font une haie d’honneur aux perdants et les applaudissent, et réciproquement. Au bureau aussi on peut dire ” bonne chance “, ou ” bien joué ” à un compétiteur sur un contrat, ou un job. Et lorsqu’un manager recadre un collaborateur il peut dire ” non ” à la situation mais ” oui ” à l’homme.
6. Trophées partagés. J’ai été marqué en visitant la salle des trophées du Stade Toulousain. Elle n’affiche que des photos de groupe, des coupes, médailles et trophées d’équipe. Il n’y a rien d’individuel, aucun nom isolé. La salle raconte l’histoire de l’équipe dans sa continuité, et pour la fierté de tous. S’inspirant de ce lieu, le patron commercial d’une PME a ainsi instauré d’afficher au mur dans un local à l’abri du regard des clients, tous les contrats de plus de 100 000 euros, encadrés mais sans nom de commercial. Motivant !
7. Fluets ou baraqués. Il n’est pas obligatoire d’être une armoire à glace et de peser 120 kilos pour jouer au rugby. Quel que soit son physique toute personne à sa place dans l’équipe. Le petit trapu sera demi de mêlée ou demi d’ouverture. Le grand et longiligne sera en deuxième ligne, le gros costaud sera pilier ou talonneur, le grand musclé 3ème ligne ou arrière etc. Et si l’un veut changer pour une place qui ne lui correspond pas, on lui explique en quoi ses compétences sont essentielles là où il est. Sans aucun esprit de discrimination.