E. Helderlé, Carmignac G. : “nous traversons la crise sans encombre”
Avec 13 milliards d’encours sous gestion et une collecte nette de 2 milliards à la fin octobre, Carmignac Gestion fait bonne figure dans la tempête financière.
Newsmanagers : comment Carmignac Gestion évolue-t-il dans la crise financière actuelle ?
Eric Helderlé : depuis le début de l’année, la collecte nette de Carmignac Gestion est restée forte, signe que la confiance de nos clients ne se dément pas. Nos fonds ont d’ailleurs continué de surperformer jusqu’à la mi-septembre.Il est vrai que la faillite de Lehman Brothers, le 15 septembre, a constitué un choc psychologique pour les marchés. Ces derniers sont entrés alors dans une phase de grande versatilité liée à une aggravation sans précédent de la crise du crédit. Dans ce contexte, il est vrai que la partie spécialisée de notre gestion a subi, comme l’ensemble du marché, l’exceptionnelle amplitude de cette crise. A court terme, l’effet de l’aversion au risque sur les valorisations a notamment pénalisé les fonds actions purs, même si nombre d’entre eux continuent de bien se comporter au sein de leur catégorie.
La gestion diversifiée, gestion phare de Carmignac Gestion, a pour sa part bien joué son rôle d’amortisseur, notamment grâce aux moteurs de performance obligataires, et affiche des performances tout à fait honorables.
NM : vous avez déclaré connaître une collecte positive. Vos clients ont-ils renforcé leurs investissements en dépit de la chute de valorisation de vos fonds ?
- Nous avons enregistré depuis le début de l’année une collecte nette d’un peu plus de 2 milliards d’euros à fin octobre 2008. Ces flux concernent une bonne proportion de nouveaux clients, et il est à noter que la collecte est positive dans les huit pays dans lesquels nous distribuons.
NM : Carmignac Gestion va-t-il conserver son indépendance ?
- Carmignac Gestion est une société solide dont l’indépendance ne peut en aucun cas être remise en cause.
La société dispose de plus 13 milliards d’euros d’encours sous gestion et de 330 millions d’euros de fonds propres. Sur les huit premiers mois de l’année, notre résultat net s’élève à 57 millions d’euros, en augmentation de +17 % par rapport à la période correspondante de 2007.
NM : pensez-vous réaliser des opérations de croissance externe ?
- Cette question n’est pas à l’ordre du jour.
NM : vous avez infléchi la gestion de Carmignac Emergents, qui a connu un changement de gérant. Allez-vous aussi modifier la gestion des autres fonds dans un sens plus défensif ?
- Nous conservons nos convictions fortes vis-à-vis de nos thèmes d’investissement à moyen terme. Cela étant, la crise que nous traversons est d’une ampleur exceptionnelle, en particulier en termes d’aversion au risque. Nous tenons compte bien évidement de cet environnement.
C’est pourquoi nous avons renforcé dans les portefeuilles globaux les valeurs des secteurs de la santé ou de la consommation défensive, qui affichent une résistance remarquable dans le contexte actuel.
NM : pensez-vous élargir votre gamme de fonds ?
- Nous ne souhaitons pas multiplier la création de fonds.
Nous ne lançons un fonds que lorsque nous sommes sûrs de disposer d’une compétence de gestion susceptible d’être exploitée au bénéfice des clients, jamais pour des raisons marketing.
C’est pourquoi, même si nous nous réservons toujours la possibilité de lancer de nouveaux fonds, notre gamme a vocation à rester concentrée.
NM : quel bilan tirez-vous de votre récente rencontre avec 650 CGPI ?
- Ce type de rencontre a lieu tous les trois mois depuis 20 ans, à l’occasion de notre réunion trimestrielle, quel que soit le contexte économique.
D’une manière générale, nous ne pouvons que nous féliciter du recul dont les CGPI font preuve face à la crise. Nous avons affaire à des professionnels qui font preuve de maturité et dont les attentes en matière d’information et de transparence sont légitimes.
Nous mettons un point d’honneur à faire notre maximum pour y répondre. Selon une récente enquête de l’AGEFI, Carmignac Gestion apparaît ainsi en tête des fournisseurs qui informent le mieux les CGPI sur la crise financière actuelle.
Nous entendons poursuivre cet effort dans la durée.
NM : selon vous, quand allons-nous sortir de la crise financière et boursière ?
- Il est très difficile de déterminer le timing exact de la sortie de crise. En revanche, il est certain que cela passera par un retour à la normale sur l’activité de crédit. Les banques doivent pouvoir retrouver une visibilité tant du côté de leurs actifs qu’en termes de capitalisation.
Il faudra également que les analystes intègrent la perspective d’une récession dans leurs prévisions de résultats.
A partir de là, on peut souligner que par rapport à l’économie réelle, les marchés d’actions ont souvent beaucoup d’avance. Le premier semestre 2009 sera probablement encore difficile mais nous y verrons également beaucoup d’opportunités.